mardi 25 octobre 2011

I-La situation géopolitique du Sénégal avant les indépendances à nos jours

3- Vers le pluralisme et la démocratie

En décembre 1980 Senghor annonce sa démission et, conformément à la Constitution, désigne comme son successeur Abdou Diouf qu’il a préparé à cette fonction de longue date. Le caractère exceptionnel – en Afrique, voire dans le monde – d’un retrait volontaire en cours de mandat présidentiel a été maintes fois souligné. Habib Thiam est nommé Premier ministre.
De fait cet héritage n’est pas de tout repos. Un incident dans une école de Ziguinchor dégénère et l’agitation gagne les milieux de l’enseignement dans tout le pays. Par ailleurs la situation économique est particulièrement critique, en raison de phénomènes naturels, de la conjoncture internationale, mais aussi d’erreurs de gestion imputables au gouvernement.
Abdou Diouf prend ses fonctions le 1er janvier 1981 et promet le pluralisme politique et la consolidation de l’ouverture démocratique. Dès le mois d’avril, la limitation du nombre des partis est abrogée. Le Code électoral est aussi remanié. Un scrutin mixte est adopté pour les législatives et le nombre de députés passe de 100 à 120.
Abdou Diouf réduit aussi les interventions du gouvernement dans l’économie et élargit les engagements diplomatiques du Sénégal, en particulier avec les autres pays en développement.
Lorsque le Président gambien Daouda Jawara est victime d'un putsch le 30 juillet 1981, l'armée sénégalaise se porte à son secours et rétablit la situation en quelques jours. En décembre de la même année, Abdou Diouf signe avec Daouda Jawara un traité constituant la Confédération de Sénégambie, une union avec la Gambie dont le principe était posé depuis l’indépendance. Mais son application est suspendue en septembre 1989.
Lui-même sera réélu en 1983, 1988 et 1993, même si son score s’effrite à chaque consultation, passant de 84 à 73, puis à 58% des suffrages. D'abord perçu comme un héritier, Abdou Diouf joue pleinement son rôle. Musulman, alors que son prédécesseur était catholique, il bénéficie du soutien des puissantes confréries.
D'abord reconduit le 27 février 1983, Abdou Diouf supprime quelques semaines plus tard le poste de Premier ministre. L'agitation estudiantine reprend en février 1987.
Lors de l’élection présidentielle du 28 février 1988 Abdou Diouf est encore réélu à une large majorité et le même jour le Parti socialiste remporte également les élections législatives. La régularité de ces consultations électorales est mise en doute par l’opposition et des émeutes éclatent dès le lendemain. L’état d’urgence est proclamé et MeAbdoulaye Wade, président du PDS, est emprisonné.
Le 7 avril 1991 le poste de Premier ministre est rétabli et Habib Thiam revient aux commandes. Un nouveau code électoral est adopté le 20 novembre 1991. Lors de la création d’un gouvernement d’union nationale en 1991, Abdou Diouf associe son rival Abdoulaye Wade à l’exercice du pouvoir, ce qui lui permet de remporter l'élection présidentielle du 21 février 1993. Le Parti socialiste enlève 84 sièges sur 120 lors des élections législatives du 9 mai 1993. La bipolarisation de la vie politique sénégalaise se confirme.
Le lendemain de la publication officielle des résultats, soit le 15 mai 1993, Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel et ancien maire de Saint-Louis, est assassiné dans des conditions mystérieuses qui laissent planer aujourd'hui encore des doutes sur les éventuels commanditaires d'un tel forfait.
Certains parlent alors du Sénégal comme d'une « semi-démocratie ». D'autres, comme l'historien Mamadou Diouf, pensent que le modèle sénégalais, souvent érigé en « parangon de la démocratie », a en réalité échoué: le gouvernement n'a pas su contrôler l'évolution politique et sociale du pays, empêcher les violences commises contre la population mauritanienne ni mettre un terme à la guerre civile en Casamance.
Le franc CFA est dévalué de 50% le 12 janvier 1994. Des émeutes éclatent à l'université de Dakar, à tel point que l'année 1993-94 est finalement annulée.
Cependant la décentralisation fait un grand pas lorsque sont adoptés le 1er février 1996 les principaux textes sur la régionalisation et le transfert de compétences aux différentes collectivités territoriales et à leurs organes. Les élections régionales, municipales et rurales des 24 et 29 novembre 1996 se soldent par une large victoire du Parti socialiste qui obtient aussi la majorité absolue aux élections législatives du 24 mai 1998. Une alternance politique ne semble guère envisageable alors.
Lorsqu'en juin 1998 un soulèvement militaire plonge la Guinée-Bissau dans la guerre civile, des troupes sénégalaises y sont envoyées en renfort, ce qui n'empêchera pas son Président d'être renversé l'année suivante.



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